Les images se succédaient à une vitesse saccadée de lenteur, comme si son regard passait au travers d’un zootrope ou d’un praxinoscope. Une forêt, un lac, scène éclairée à la Lune, du sang, des loups, un mariage. Lolita courait dans ces bois peu conventionnels et sentait que les pulsations de son cœur allaient au même rythme que la succession d’images. Rythme cardiaque désorganisé. Hors d’haleine, Lolita s’arrêta près du lac. Elle se pencha, plaça ses mains en forme de coupe, et pris une gorgée d’eau. Elle se repencha pour boire à nouveau et fit face au visage cadavérique de feu, son mari.
Stefan se leva et en sortant de l’eau lui dit : « L’ange viendra Lo, L’ange viendra… »
Lolita rétorqua : « Bien sûr, ça ne fait aucun de sens ce que tu dis Wil… »
Le cadavre répondit : « Cherches les symboles, pas seulement les signes. Tu sais faire la différence Lo, je te connais. »
« Ha, je vois!, s’exclama Lo, Tu es mort au lac Angekum, Ange-Come, l’ange viendra, je sais… »
« Pauvre idiote, cherche plus loin, tu me déçois… Stefan marqua une pause. Et tu crois que je ne t’ai pas vue tout à l’heure? Qu’essaies-tu de prouver? Et à qui? »
Lolita n’eut pas le temps de répondre qu’un loup, sorti de nulle part, fit s’évaporer le mort-vivant. Il vint par la suite se coucher aux pieds de la rêveuse.
« Je crois que tu t’appelles… Marshall. Affirma Lo. Oui, Monsieur le loup. Tout à fait, Monsieur le loup. »
Le loup ouvrit la gueule pour en laisser sortir une sonnerie familière. C’était le huitième mouvement du Requiem de Mozart, le Lacrimosa dies illa, en son polyphonique. Son cellulaire!
*Bouche pâteuse, Check.
Tête qui bourdonne et qui élance, Check.
Malaise gastrique prononcé, Check.
Voilà, j’ai la gueule de bois… Mais où est mon cellulaire?*
- Madame Lo! Madame Lo!, dit une voix féminine aux intonations chantantes et gutturales.
Entrez Sang Jung! Répondit Lo lorsque la jeune femme se mit à frapper à sa porte.
- Madame Lo! Dit Sang Jung, essoufflée d’avoir couru du rez-de-chaussée au troisième étage, Vous êtes en retard, vous aviez un rendez-vous au musée à quatorze-heures. Il est quatorze-heures dix-sept.
Sur ce, la jeune coréenne se mit à préparer les vêtements de mademoiselle Vincent, en partant des sous-vêtements jusqu’au manteau de tailleur. Elle alla partir la douche, déposa les bijoux et accessoires appropriés sur la pile de vêtements. Elle tapota doucement le visage de l’endormie et la tira du lit.
Lolita poussa un cri aigu, lorsqu’elle fut sous l’eau. La panique la prit toute entière lorsqu’elle se rendit compte de son état. Lendemain de veille, en retard pour un rendez-vous, pas maquillée, pas habillée, la poisse quoi!
Une fois hors de la douche, elle se déplaça telle une tornade blonde. En deux temps, trois mouvement elle était habillée et maquillée. Juste avant de s’occuper de ses cheveux, elle dit :
Sang Jung, prépares-moi des œufs pochés et un bagel rôti, et appelles chez Starbucks pour qu’ils me tiennent mon cappuccino extra-mousse au chaud.
- Parfait Madame Lo, tout de suite Madame Lo…
La bonne descendit immédiatement aux cuisines, pendant que Lo ajoutait des touches perso à son look.
Une quinzaine de minutes plus tard, elle empoignait son cell et ses clefs et derrière le volant de sa voiture, ingurgitait des cachets bleus pour son mal de crâne.
Sujet: Haut-le-coeur et hurlements... 
Mer 22 Juil - 16:03
