Un soir tranquille

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Il y avait un léger vent, dehors, qui agitait les feuilles des arbres. Oui oui, il y avait des arbres, ici, malgré que le tronc de la plupart était plein de lettres gravées dans leur écorce. Avec le soleil sur la pente descendante, ça ne se voyait pas beaucoup. Mais il connaissait ce parc par coeur, ou presque. 14 ans à venir au même endroit, en ayant un sens de l'observation relativement développé et une mémoire photographique, ça a parfois des utilités- ou des inconvénients.

Il avait déblayé son banc habituel, regardé un peu autour pour se débarasser des seringues et autres joies de la jeunesse, jeunesse qui avait tendance à l'éviter, d'ailleurs. Un homme au regard terne qui se promène avec un étui énorme sur le dos, va toujours au même endroit, avant même la naissance de certains membres de cette jeunesse, d'ailleurs, et qui joue d'un instrument peu commun, ça n'induit pas vraiment d'aller le saluer. Même s'il y a eut des précédents.

Il calla son violoncelle contre son épaule, assura son maintien avec ses genoux et resserra son archet, avant d'entreprendre un air fort mélancolique et nostalgique, au gré de son inspiration. Même avec les vent, les notes graves se propageaient bien. Sa plainte, sa douleur, sa perte, depuis bien longtemps.

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Un soir comme elle les aimait. Calme, frais et inspirant. Anna avait passé une bonne partie de la soirée à rester chez elle sans rien faire. Elle avait hésité un moment devant la carcasse d'une ancienne voiture, mais elle n'avait pas le coeur à vouloir plonger dans la mécanique. Le soir venu, elle avait enfiler des pantalons en cotons et une camisole noir et avait décider de se promener dans le parc. Elle se souvint des moments ou son père lui disait que s'était dangereux de se promener tard le soir. Orgueilleuse, elle répondait toujours qu'il ne lui était rien arrivé en 10 ans. Ce qu'elle avait besoin ce soir, était de prendre une bonne dose d'air frais.

C'est ainsi qu'elle se retrouvait à marcher calmement sur les chemins de ciment. Ceux-ci parcouraient le parc en entier. Malheureusement, on pouvait y voir plusieurs déchets sur le sol, sans doute laissé par une bande d'adolescents. Morales mit ses mains dans ses poches tout en observant les alentours. Elle sursauta lorsqu'elle entendit le son de la canette qu'elle venait de frapper avec son pied.

*Bon sens, ne soit pas aussi nerveuse.* Pensa-t-elle par la suite. Elle eut même droit à une petite dose d'adrénaline.

Soudain, un son mélancolique et harmonieux sonna à ses oreilles. Fronçant les sourcils, elle se demandait qui pouvait jouer d'un instrument de musique si tard la nuit. La curiosité l'emporta et elle se laissa diriger par le son. Tel un voleur, elle avançait de façon à faire le moins de bruit possible. Elle aperçut alors, plus loin, une silhouette dans le noir. Cela ressemblait à un homme, vu sa carrure. Pour y voir plus claire, elle se rapprocha encore un peu plus. À cette distance, elle risquerait sans aucun doute d'être aperçu. Le lampadaire qui se situait non loin de là lui permit de distinguer ses traits.

*Il me semble déjà l'avoir croisé. Ici peut-être? Oui, je suis sûre de l'avoir déjà aperçu ici.*

N'étant pas encore éveillé, Morales ne connaissait rien du tout de son état racial. Peut-être était-ce la curiosité qui l'attirait chez lui ou le simple fait de sentir qu'elle le connaissait déjà qui la poussait à se rapprocher de lui. Néanmoins, elle n'avait pas peur. La musique ambiante la calmait. Anna observait le mystérieux inconnu en profitant de la douce mélodie qu'il propageait dans l'air.

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Lorsqu'il jouait, ses prunelles contemplaient le vide, et il était perdu dans ses souvenirs. Pour être exact, le vide se situait à 1,65 mètre de hauteur, et se trouvait à être l'emplacement du visage de Lysèn lorsque lui était assis et elle debout.

Ses doigts allaient et venaient mécaniquement sur les cordes, et l'archet était aussi régulier qu'un métronome. Mais il manquait quelque chose à cette musique. Comme si leur régularité n'avait rien de naturelle, comme si elle était... artificielle. Morte. Une musique morte, sans vie, avant même qu'elle soit jouée. Du point de vue technique, ses mouvements étaient exactement ceux qu'il devait avoir. Trop technique, justement, sa musique. Oh, belle, oui, peut-être, mais il y manquait de la vie.

Ses traits étaient légèrement crispé alors même qu'il regardait le néant. Complètement coupé du monde, le bonhomme. Il savait que ce n'était pas prudent, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il n'était pas seulement aveugle lorsqu'il jouait, c'étaient tous ses sens qui s'éteignaient, sauf le toucher. Alors, pour ce qui était de voir Morales approcher, on pouvait oublier ça. En fait, elle aurait été à côté de lui à le regarder jouer et à chanter en même temps qu'il ne se serait aperçu de rien. Benjamin, s'il n'avait été mort, aurait pu être en train de lui beugler de se bouger qu'il n'aurait même pas frémi. Coupé du monde, vraiment. Et cela paraissait dans sa posture, sa rigidité. Oui, il réussissait à être rigide tout en jouant d'un violoncelle.

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Devait-elle faire quelque chose de plus? Mis-à-part écouter? Elle ne savait pas. Elle hésitait à lui parler. Pourquoi le ferait-elle maintenant? Anna était certaine de l'avoir déjà vu. Néanmoins, elle ne pouvait pas être à 100% sûre. Quoiqu'il en soit, il jouait vraiment bien et si cela reflétait sa personne, il méritait sans doute d'être connu. Elle ressentait toujours au fond d'elle une certaine attirance. Son intuition lui chuchotait quelque chose, mais Anna n'était pas capable de savoir quoi.

Elle préféra alors s'approcher lentement de lui et s'assoir sur le même banc que lui, le plus loin possible. Peut-être ne la remarquera-t-il jamais, puisqu'il semblait déconnecté de la réalité. Elle ne voulait pas briser cela. La musique qui jouait la calmait de tout ce qui s'était passé. Depuis que les cours avaient commencé, elle avait vécu des évenements étranges. Morales ne voulait pas y pensé en ce moment, c'est pourquoi elle écoutait attentivement la musique qui jouait. Cela lui empêchait de penser à autre chose.

Puis, elle remarqua qu'il semblait crispé. Ce qu'il jouait devait venir du fond du cœur. Peut-être était-ce une tranche de sa vie? Morales savait que certaine personne s'inspirait de leur vie pour composé de la musique ou même un livre. Soudainement, elle se surpris à penser qu'elle était audacieuse. Il allait surement être surpris de la voir à côté de lui. Surtout qu'elle est une inconnue et vu l'heure qu'il était. Enfin... Anna était persuader que rien n'arrivait pour rien.